En premier lieu, le texte sera lu plusieurs fois et analysé. Et parallèlement à cela, des exercices corporels de préparation au théâtre seront proposés, exercices visant à l'élaboration des personnages.
La mémorisation, la " mise en bouche " du texte, se fera par le biais des différentes lectures et des répétitions ; les répliques seront induites par le geste, la place sur scène, le regard porté, etc. qui sont autant d'aide-mémoire et qui doivent donc rester fixes pendant les répétitions.
Un spectacle "fonctionne" par :
- ses personnages :
Demandons à l'acteur un travail sérieux sur le personnage. Sachons lui faire bien différencier l'acteur et le personnage. On ne "rentre pas dans la peau d'un personnage" ; on n'est pas, on joue à
être. L'acteur fabrique le personnage avec lui-même, il est lui-même la propre marionnette qu'il dirige. D'où une bonne maîtrise de soi et donc une intéressante approche de
l'élaboration de la personnalité qui se construit par imitation et opposition.
On va chercher une façon de marcher, une façon de parler, de se tenir, de s'habiller. Un personnage a une vie avant et après les actions sur scène, on imagine sa vie avant sa première rentrée sur
scène.. Le personnage existe, même s'il n'a rien à dire.
Certains personnages sont caricaturaux et donc très lisibles, il s'agit de bien mettre en valeur leur particularité : le clown (Comment Clown devint
clown...) tâche de faire rire, Verdelaine, le papillon poète, (Panique è Panicaut) fait des vers, le détective (Lahire) cherche et fouine partout, le Marchand d'armes , le journaliste, etc. (La Guerre des
Fées) ...
D'autres sont plus complexes, souvent doubles comme les personnages de Les Marchands de la Lune qui sont des gens qui ont d'autres aspirations que celles pour lesquelles ils
ont été créés...
D'autres sont pleins de mélancolie et donc moins abruts que des personnages plutôt légers qui font rire : La poupée de chiffon (L'Opéra Poubelle) qui, malgré l'amitié qui
l'entoure dans la décharge où elle a été jetée, voudrait retrouver sa condition d'origine ; l'étoile de mer (O.N.N.I.) qui voudrait rejoindre ses lointaines cousines du
ciel.
Il y a aussi les "méchants" qui ne sont pas complètement méchants et ont malgré tout un côté sympathique : les pirates (Pique et pique et Tourneboule) qui tombent sous le
charme d'une berceuse, la sorcière (Lahire) qui a été petite fille et qui n'est que le souffre-douleur des gens, les vers et les insectes (Le Bonhomme de
Paille) qui attaquent le jardin mais qui finiront par danser avec tous les personnages du potager, les Piquebilles (Pique et pique et Tourneboule) reconnaîtront leur
erreur et se réconcilieront avec Tourneboule...
Certains ont une faille, une faiblesse, un tic : Bambine, la poupée magique, rate tous ses tours (Pique et pique et Tourneboule), Messershmitt, le hanneton, n'arrive pas à
atterrir correctement (Panique è Panicaut), le journaliste fait constamment des lapsus. Le Père Ducrado, le bousier, (Panique à Panicaut), Petite Prune, le
chien, (L'Opéra Poubelle) et Monsieur Canard sont sentencieux et parlent par énigmes ou proverbes, Môle, le conseiller du roi, est toujours dans la lune
(O.N.N.I.), Malitorne, le djinn, est un génie, mais un génie maladroit (La Tante Belladone)...
Il y a enfin ceux que l'on écarte, parce qu'ils sont laids ou pas comme tout le monde ; ce sont aussi souvent des personnages amoureux et pleins d'amitié : le grillon mal venu dans le village des insectes (Panique à Panicaut), le crapaud bien trop laid pour jouer avec la jolie souris grise (L'Incroyable et Fantastique Histoire...), "les sauvages" de L'Echappée Belle pas vraiment bienvenus chez les bonnes gens de la basse-cour.
- sa lisibilité :
Il faut se mettre au service d'un texte et le rendre très compréhensible. Pour cela on en fait une bonne analyse, sans oublier les didascalies. On souligne les expressions ou les phrases
importantes à mettre en évidence. Ce travail peut se faire au préalable : on découpe le texte en parties, et pour chaque partie on se pose la question : qu'est-ce qu'on apprend ? Puis
la suivante : quels sont les mots, les répliques qui nous ont informés ? Ces mots ou expressions seront mis en évidence par l'action appropriée choisie par le metteur en scène.
Les acteurs parlent haut et clair et on évite de masquer le texte par une mise en scène trop prenante et captivante pour l'esprit du spectateur
- son rythme :
Les répliques s'enchaînent. Pas de temps morts sauf si un silence est prévu et assumé. Le rythme n'est pas la précipitation. Chaque réplique est clairement dite et les
actions sont "installées". Eviter de baisser le rideau pour les changements de décors ; préférer les changements "à vue" pouvant être joués et intégrés dans le jeu, ou simplement effectués avec
toujours le même extrait musical et le même cérémonial.
- son esthétique :
Apporter un soin particulier aux décors, costumes, maquillages. Eviter le "réalisme" souvent trop inapproprié : Au théâtre, tout est faux et c'est ce "mentir vrai" qui fait sa
force.
Faire simple et préférer la légèreté des symboles suggestifs pour les décors comme pour les costumes.
Certaines pièces peuvent très bien se passer de décor.
Attention aux accessoires ou costumes trop encombrants. Mais ils sont l'objet de soin et de réflexion : Les costumes sont costumes jusqu'au bout, des pieds à la tête, on évitera, là aussi un
choix "réaliste" (surtout pour les animaux) et on s'attardera à chercher le détail, le symbole, qui rappelle l'animal ou le suggère tout en restant sur un costume d'"humain". (Les animaux de ces
contes sont comme ceux de La Fontaine : ils renvoient à des types qui correspondent à des personnages.)
Les accessoires sont de vrais accessoires de théâtre c'est à dire de faux vrais accessoires de la vie courante. La création et l'invention doivent se manifester lors du choix et de la
conception.
Soigner les éclairages même s'ils sont sobres. La mise en scène est simple mais précise. Tout est réglé, le déplacement, le point fixe, la portée du regard, le geste..